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Poésie

Alda Merini, un langage «élémentaire et sacré»

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Traduction d’un recueil de la poète italienne encore trop peu connue en France.

Alda Merini est considérée comme l’une des grandes voix de la poésie italienne de la seconde moitié du XXe siècle. (Leonardo Cendamo/Getty Images)
ParGuillaume Lecaplain
Journaliste - Edition
Publié le 31/03/2025 à 8h51

«Votre date de naissance ? – Je n’en ai pas.» Les premiers mots de la Confusion des étoiles portent en eux beaucoup de l’art et de la manière d’Alda Merini : ce mélange entre un surréalisme tirant sur le mystique et une forme de plainte sereine face à la souffrance. Nous sommes en 1986 et la poète invente un genre étonnant, celui de l’auto-interview. Questionneuse autant que répondeuse, elle tâche à la fois de comprendre et d’expliquer les ressorts de sa création. «Est-il légitime de vouloir laisser des traces dans la vie ? – Je pense, oui, c’est inévitable.»

Alda Merini est considérée comme l’une des grandes voix de la poésie italienne de la seconde moitié du XXe siècle. Célébrissime à la fin de sa vie, elle était invitée sur les plateaux de télévision où, la cigarette à la main, très maquillée et parée de lourds bijoux – elle arborait souvent un épais collier de perles – elle parlait de l’amour, de la poésie, de la folie ou simplement du sens de la vie. Une prophétesse descendue délivrer ses oracles dans l’improbable univers cathodique.

Maladie psychique

Née en mars 1931 à Milan, Merini a vécu une vie de souffrance qui fait autant partie de sa célébrité que sa poésie. Elle commence à publier assez tôt : son premier recueil la Presenza d’Orfeo sort en 1953, date à laquelle elle se marie. Elle aura avec son époux quatre filles. Mai