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Biographie

Alexander McQueen et John Galliano, mode cruelle

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La journaliste américaine Dana Thomas réussit la biographie croisée des deux «enfants terribles» britanniques, surdoués torpillés par leur ego, leurs addictions et la mutation de l’industrie.
John Galliano, en 2002, et Alexander McQueen, à Londres en 1997. (Gérard Uferas / Dave Benett)
publié le 2 mai 2024 à 6h11

Les deux sont unanimement reconnus comme des génies. L’un s’est suicidé en 2010, à 40 ans. L’autre, 63 ans, est toujours d’active, directeur artistique de Maison Margiela où il continue à faire des étincelles, mais il n’apparaît plus publiquement depuis son delirium antisémite au bar de la Perle en 2011. Alexander McQueen et John Galliano ont été un temps les tout-puissants de leur biotope, celui de la mode, mais ces êtres incandescents se sont consumés dans une industrie en pleine mutation, gagnée par des cadences et une pression infernales. C’est ce que restitue la journaliste américaine Dana Tomas, contributrice au New York Times et à Vogue, dans Dieux & Rois : Alexander McQueen et John Galliano, grandeur et décadence. Cette biographie croisée offre un passionnant deux en un, success story et disaster story.

Autour de ces deux acteurs principaux à l’étoffe idéalement flamboyante, la journaliste américaine mêle récit chronologique, étude de personnalité et mise en perspective sectorielle. Les témoignages abondent, et ils ne sont pas seulement louangeurs, les anecdotes sont pléthoriques, les seconds voire troisièmes rôles sont soignés. Ce côté rouleau compresseur n’empêche pas le sentiment : tout en documentant les travers voire les «vices» de Galliano et McQueen, Dana Thomas souligne leur courage et leur téna