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Le philosophe Alexandre Kojève, les secrets d’un phénomène

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Le premier tome de «Sophia», ouvrage introuvable depuis plus de quatre-vingts ans écrit par l’énigmatique philosophe russe, vient de paraître. Un œuvre au destin aussi rocambolesque que la vie de son auteur.
A Boulogne, en 1930, Alexandre Kojève nourrira la réflexion philosophique et politique pendant un demi-siècle. (inconnu/BNF)
publié le 8 mai 2025 à 15h48

Un homme «mystérieux». Etait-il un «philosophe du dimanche» comme il se disait lui-même, un lettré polyglotte, un économiste, un haut fonctionnaire, un physicien, un espion, un noceur, un «agent de Staline», marxiste et gaulliste ? Il s’exprimait en un français auquel le mélange de r slave et bourguignon donnait une sonorité étrange. Il aurait écrit, juraient ses proches, un grand œuvre de plus de 1 000 pages, alors qu’il vivait «dans un petit appartement de la banlieue parisienne». Le manuscrit ? Il eut dû être «imprimé en URSS» et «accepté comme thèse de doctorat». Aucune trace. En mai 1941, sa compagne Nina Ivanoff aurait déposé un document, peut-être le tapuscrit, à l’ambassade d’URSS à Paris − mais celle-ci, menacée d’évacuation, brûle ses archives. Piste effacée. Quelqu’un doit pourtant savoir : Georges Bataille, alors bibliothécaire au département des Périodiques de la Bibliothèque nationale. Walter Benjamin, traqué par la Gestapo, lui a déjà confié les manuscri