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Histoire

«Alexandrine Flottes», une enquête en actes

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L’historien Thibault Bechini retrace le parcours d’une anonyme du XIXe siècle, Marseillaise émigrée en Amérique du Sud.

Une vue de Buenos Aires en 1840. (Biblioteca Ambrosiana. Getty Images)
Publié le 30/10/2025 à 4h55

Le 18 mars 1827, rue d’Aubagne, à Marseille, Thérésine Choux met au monde une petite fille, Bastienne Alexandrine, de père inconnu. Thérésine vient d’une famille enracinée sur la rive nord du Vieux-Port, avec une trajectoire sociale «qui l’a fait résolument passer du peuple à la petite bourgeoisie». Ce sont pourtant des ressources insuffisantes qui la pousseront à émigrer en Algérie alors qu’Alexandrine n’a pas 10 ans. L’historien Thibault Bechini va suivre à la trace l’existence d’Alexandrine, et de ses proches, grâce à l’état civil, aux recensements, aux sources notariales et judiciaires, aux annonces légales des journaux. «Les sources à partir desquelles travaillent les historiens sont le produit de multiples actions par lesquelles les individus font valoir leurs droits», écrit-il. Et l’objet de cette nouvelle collection des éditions Anacharsis consiste à sortir de l’ombre des parcours d’individus le temps d’un récit.

Drames et combats

Cette reconstitution à dimension humaine de l’itinéraire d’une femme de la petite bourgeoisie entrepreneuriale décrit en même temps la géographie de villes, un pan de l’histoire, un milieu social. C’était une époque de migrations : on partait souvent tenter sa chance ailleurs. Ainsi, la colonisation de l’Algérie a suscité des opportunités spéculatives pour les Européens, et la belle-famille d’Alexandrine en particulier. Des régions d’Amérique latine, comme le Río de la Plata, attirent aussi au mitan du XIXe siècle. C’est à Buenos Aires qu’Alexan