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Ali Smith, le cœur a ses saisons

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Avec «Hiver», la romancière écossaise poursuit sa tétralogie inscrite dans l’actualité, ici le Brexit.
Portrait de l'écrivaine écossaise Ali Smith. (Aliin Ferrara)
publié le 20 février 2021 à 6h45

Rembobinons. En 2015, lorsqu’Ali Smith commença à travailler sur sa tétralogie des saisons (quatre romans, un pour chacune), elle ne pensait pas nécessairement écrire sur le Brexit. Elle ne s’attendait pas non plus à tacler Boris Johnson dans un dialogue ou à citer Donald Trump à la fin d’un volume (celui-ci : Hiver), pas plus qu’elle n’avait entendu parler du coronavirus (il en sera question dans Summer, traduction à venir). Tout ce que savait l’écrivaine écossaise, c’était qu’elle voulait écrire vite, en s’inspirant des grandes périodes de l’année, publier dans la foulée et ainsi réagir à l’actualité par le truchement de la fiction, un peu à la manière de Charles Dickens en son temps. Sauf que les temps ont changé et qu’il s’est passé des tas de choses en un minimum de temps – sans même évoquer le décalage induit par la traduction (Hiver a été publié outre-Manche en 2017). Partant de là, mettons qu’il y aurait deux options : soit courir après les événements, les offrir en bouquet romanesque et les regarder faner, soit planter chaque livre comme un arbre, en y construisant des cabanes et des jardins autour – plutôt que de subir le rythme, gagner en altitude. D’en haut, est-ce plus clair ? «On progresse dans le blizzard en tentant en vain de voir ce qui se passe vraiment au-delà du vacarme et du battage médiatique», se lamente un personnage. «J’adorerais passer ma journée à parler des saisons, répond un autre, mais j’ai du travail».