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Libération

Alice Zeniter et la «fiction-panier»

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La romancière et dramaturge démonte les rouages des grands récits depuis l’Antiquité
Alice Zeniter. (Hélène Harder)
publié le 6 mars 2021 à 4h14

Alice Zeniter s’attaque au récit, et ce n’est pas peu dire qu’il en faut du courage, pour s’en prendre à ce monstre sacré qui régit nos livres et nos vies. Comme elle l’écrit, résumant rapidement et drôlement la pensée d’Aristote dans la Poétique, «une bonne histoire, c’est l’histoire d’un homme remarquable qui fait des trucs – de préférence violents». Et ça, Alice Zeniter, elle en a marre. Elle se demande bien, s’appuyant sur la pensée de la romancière Ursula Le Guin, «comment notre civilisation de chasseurs-cueilleurs a pu devenir le berceau de récits qui ne parlent que de chasseurs». C’est sûr, raconter la mort d’un mammouth est bien plus spectaculaire que de décrire qu’on a ramassé des airelles, mais qu’est-ce qui est le plus important ? Qu’est-ce qui au final va le plus nous nourrir, de la viande, rare, ou des fruits et légumes en quantité ? «Il aurait fallu une fiction-panier, pas une fiction-lance», juge-t-elle.

C’est le point de départ de la réflexion d’Alice Zeniter dans Je suis une fille sans histoire, un seul en scène qu’elle a présenté à l’automne dernier (et qui a été salué dans nos pages), et qui est désormais publié par l’Arche. Intelligente, pédagogique et amusante, ce qui n’est pas la moindre des prouesses quand on sait que la plupart des textes de théorie littéraire donnent envie pour l