Fauvel a accepté de garder le chien du père de son amie Mado. Luc part en voyage avec Hélène pour un certain temps. «Tu verras, Hannah c’est une chienne assez particulière, j’espère que tout va bien se passer. Madeleine a dû t’en parler ?» On la connaît cette histoire du petit imprévu, du détail qui censément ne change rien et qui peut tout bouleverser. Fauvel se trouve déjà sur place, dans la maison à Cournac du père de Mado, une belle baraque en lisière de forêt. Mais le job de dog-sitter lui paraît déjà moins cool que prévu : la chienne Hannah se trouve être un clone de celle qui trône empaillée et «terrifiante» dans le salon. «C’est une chienne pour de vrai, même si Fauvel ne peut s’empêcher de la voir comme une sorte d’être robotique, un faux, une virtuose de l’imitation, un simulacre de bête. Son animalité est cependant évidente, cet aveuglement et cette insensibilité, cette vie pour soi.» Elle est peut-être «un petit peu agressive», lui concède son maître, sans trop insister. La veille de son départ, leur balade à trois avec Hannah croise le chemin de chasseurs plutôt inquiétants et manque de tourner au pugilat.
«La blessure dégouline en elle»
On craint évidemment la suite, de se retrouver à garder avec Fauvel ce phénomène canin. Et la jeune femme trentenaire ne met pas en confiance : elle respire la bête traquée, elle transpire la peur. Maltraitée dans l’enfance par le compagnon de sa mère et restée traumatisée, Fauvel a perdu un œil après un tir de flash-ball dans une ma