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Essai

Ana Lucia Araujo, la lutte en trois vagues pour les réparations de l’esclavage

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L’historienne américaine d’origine brésilienne étudie les mouvements qui, depuis deux siècles et sur plusieurs continents, ont œuvré en faveur de mesures réparatrices pour les affranchis puis leurs descendants.
L'ancien esclave afro-américain Ambrose Hilliard Douglass (1845-1940), photographié avec certains de ses 38 enfants et petits-enfants à la plantation Lewis Turpentine vers 1939 à Brooksville, en Floride, aux États-Unis. (Archive Photos/Getty Images)
publié le 31 juillet 2025 à 7h34

A la fin du XIXe siècle, un avocat, hommes d’affaires et rédacteur en chef blanc de l’Alabama, Walter R. Vaughan, rédigea un projet de loi dans le but d’accorder des pensions aux anciens esclaves des Etats-Unis, devenus trop vieux pour travailler. Bientôt, des affranchis prirent eux-mêmes le contrôle du mouvement, créant pour cela des sociétés ouvertes à tous les anciens esclaves.

En 1906, Andrea Quesada y Acevedo, une ancienne esclave de la plantation Santa Rosalia de la ville côtière de Cienfuegos, dans le sud de Cuba, demanda des réparations pour la période où elle avait vécu en esclavage. Elle affirmait que, en 1870, son ancien maître l’avait affranchie dans un document censé être joint à son testament, à sa mort, mais que l’héritier de cet homme n’avait jamais respecté cette volonté, ce qui avait eu pour conséquence de la maintenir en esclavage pendant dix ans, jusqu’à l’abolition de 1886.

Indemnités aux anciens propriétaires d’esclaves

Ce genre de faits émaillent le livre de l’historienne Ana Lucia Araujo, qui rappelle qu’«aucune société esclavagiste ne versa de réparations aux anciens esclaves dans les décennies qui suivirent l’émancipation. Presque toutes, au contraire, versèrent des indemnités aux anciens propriétaires d’esclaves. L’exemple le plus frappan