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Roman

Andreas Burnier, à l’heure allemande et «A l’Heure des garçons»

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Le cahier Livres de Libédossier
Pendant la Seconde Guerre mondiale aux Pays-Bas, une enfant juive mal dans son corps de fille vit dans la clandestinité.
Mars 1945, aux Pays-Bas. Des soldats alliés et une jeune Néerlandaise regardent des inscriptions nazies. (Bridgeman Images)
publié le 17 mai 2025 à 7h12

Elle a fait couper ses nattes par un coiffeur en sous-entendant une attaque de poux. Quand après une longue clandestinité – les Pays-Bas sortent de cinq ans d’occupation allemande – elle retrouve sa mère, celle-ci ne la reconnaît pas et demande au père qui est donc ce garçon à sa suite. «Mais chérie, c’est Simone !» L’adolescente juive de 14 ans a survécu, elle a été hébergée chez plusieurs familles antinazies, prêtes à risquer leur vie pour la protéger, a changé plusieurs fois d’adresse. Elle a acquis une certaine expérience, elle sait ce que l’invisibilité veut dire. Se cacher en tant que juive et aussi en tant que fille dont le vœu le plus cher est d’être un garçon.

On est en 1945. Les soldats alliés ont pris possession du coin. Dans un garage à la porte remplacée par une grille, des ­recrues tardives de la Wehrmacht ont été emprisonnées. Ils ont moins de 20 ans, certains moins de 15. «A les voir ainsi, dans leur longue cage, j’éprouvais une sensation brûlante de liberté. Pendant des jours, j’errais dans la ville, sans peur à présent, mais sans joie. Les quarante garçons dans leur clapier m’apportaient pour la première fois la certitude que c’était fini.» Avec Tessa, une orpheline dont les parents sont morts à Auschwitz adoptée par ceux de Simone, celle-ci parle de la théorie de la relativité d’Einstein : «Si on pouvait voyager plus vite que la lumière, on retournerait dans le temps.» Et les voilà donc se promenant après dîner. «Monsieur, vous avez