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Interview

Andreï Kourkov : «Dans ces moments de détresse, la poésie c’est le plus important»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
L’écrivain ukrainien, qui n’a jamais quitté son pays depuis le début de la guerre, se désole de l’abandon des Etats-Unis et en appelle aux Européens comme «dernier espoir». Malgré la fatigue psychique, il continue à écrire.
Andreï Kourkov, à Paris à l'occasion de la sortie de «Notre Guerre guotidienne», le 20 février 2025. (Roberto Frankenberg/Modds pour Libération)
publié le 23 février 2025 à 16h45

Depuis le 24 février 2022, Andreï Kourkov est un témoin inlassable de la guerre livrée à l’Ukraine par la Russie. Né dans la région de Léningrad en 1961, cet écrivain ukrainien d’expression russe comme il se présente n’a cessé de documenter le conflit dans ses écrits et ses interventions dans les médias ou les festivals de littérature. Même s’il voyage beaucoup, il n’a jamais imaginé quitter Kyiv où il vit avec sa femme et ses trois enfants adultes. C’est son pays, sa source d’inspiration. On le sent page après page dans le livre qu’il publie ce mois-ci, Notre guerre quotidienne (Noir sur Blanc), un journal de guerre entamé le 1er août 2022 et achevé le 22 avril 2024, qui raconte avec beaucoup d’humour et de fraîcheur les détails du quotidien, par exemple cette passion qu’ont développée les Ukrainiens pour les musées depuis le début de l’invasion. Un plaisir mais aussi un devoir, une façon de célébrer et de faire vivre la culture nationale. Il raconte ainsi ce medusarium de la place de l’Indépendance à Kyiv, un musée privé où l’on trouve la plus grande, si ce n’est la seule collection de méduses vivantes et rares en Ukraine. Quel rapport entre les méduses et la guerre ? Très simple, le musée a vite fait savoir que l’entrée était gratuite pour les militaires ukrainiens et ceux-ci se sont précipités, restant des heures dans la pénombre «à contempler les mouvements lents et oniriques des méduses dans de grands aquariums rétroéclairés, encastrés dans les murs». Des