Le Polonais Andrzej Stasiuk a le statut d’«écrivain national». C’est lui qui l’écrit. Mais il se sent chez lui partout, pourvu qu’il soit à l’est de la Pologne. En revanche, il est perdu et malheureux à l’ouest : «L’Occident ? Tu parles ! Eu Toscane, toute cette culture et cette antiquité me faisaient crever d’ennui. Sur les rives de l’Amou-Daria, j’étais écrasé par un ciel sans limite et je rêvais que tout ça se termine enfin. Mais dans le désert au moins, j’éprouvais une sorte d’angoisse, alors qu’en Italie, je n’avais rien senti.» Dans Mon Bourricot, un titre qui renvoie à sa vieille voiture qu’il surnomme aussi «mon âne vert», Stasiuk fait le récit des milliers de kilomètres qu’il a parcourus en roulant toujours plus à l’Est. Il avait une cinquantaine d’années lorsqu’il a entamé ce voyage, il en a dix de plus aujourd’hui, mais il est un habitué des grandes traversées. Son précédent livre, l’Est, (Actes Sud, 2017) racontait le même genre d’aventure avec cependant moins de colère et une ostalgie (la nostalgie du monde qui précède la chute du Mur) moins teintée de mauvaise foi. Dans Mon Bourricot, sa cible est l’Occident, qui ne souhaitait pas la chute du communisme : «Parce qu’en fin de compte, quoi, c’était mal ? La démocratie est ce qu’elle est, mais les Russes tenaient la bride comme à la moitié du monde, l’administration gardait les passeports et la populace de l’Est ne polluait pas la civilisation occidentale, ne dormait pa
Critique
Andrzej Stasiuk, complètement à l’Est
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Andrzej Stasiuk le 22 août 2006. (Kamil Gubala)
publié le 29 avril 2021 à 5h33
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