En mai 1910, Anna Akhmatova est à Paris. Elle est en voyage de noces, elle vient d’épouser Kolia Goumiliov, autre poète de Saint-Pétersbourg, un homme du type officier, comme ses amies définiront plus tard le goût de la mariée. Ils habitent au 10 rue Bonaparte. Dans la capitale française, la belle, grande et timide Russe rencontre dans un restaurant le jeune peintre Modigliani «inconnu, très beau, très timide et très pauvre», écrit Geneviève Brisac. Pendant l’hiver, il lui écrit. «Vous êtes en moi comme une hantise.» Le printemps suivant elle revient seule pour trois mois. L’autrice d’Anna Akhmatova, portrait, consacre un bref chapitre à ces retrouvailles. Le peintre donne des esquisses qui «éternisent» la véritable Anna. Plus tard : «C’est pourquoi cette nomade si peu attachée aux choses conserve jalousement le seul dessin rescapé des seize qu’elle a reçus, et le montre à ses visiteurs pour qu’ils la voient comme elle est vraiment : âme légère drapée désormais dans un corps fatigué.»
Critique
Quatre ans après une longue émission de cinq heures sur France Culture, dans la série les Grandes Traversées, la romancière Geneviève Brisac revient sur cette figure de la littérature russe qui semble également la hanter. Lire la vie d’Akhmatova est aussi une plongée dans l’e