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Comment ça s'écrit

Anne Sexton, Jésus est à la cuisine et les dieux enfermés aux toilettes

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Dans «Folie, fureur et ferveur» trois recueils de la poète américaine ont été regroupés : «le Livre de la folie», «les Carnets de la mort» et «l’Epouvantable Traversée à la rame jusqu’à Dieu».
Anne Sexton dans les années 70. (Arthur Furst)
publié le 17 janvier 2025 à 12h42

Ce sont sous des formes originales que la folie, la mort et Dieu apparaissent dans ce nouveau volume des Œuvres poétiques d’Anne Sexton, Américaine née en 1928 et suicidée le 4 octobre 1974. Les Editions des femmes-Antoinette Fouque ont donné le titre Folie, fureur et ferveur à ce regroupement de trois recueils : le Livre de la folie (1972), les Carnets de la mort (1974) et l’Epouvantable Traversée à la rame jusqu’à Dieu (1975, donc posthume d’un chouïa). Dans sa préface, la traductrice Sabine Huynh cite la correspondance d’Emily Dickinson pour dire son goût pour Anne Sexton : «Si j’éprouve physiquement que l’on m’arrache le dessus de la tête, je sais qu’il s’agit de poésie».

Premières lignes de «Oh», dans le Livre de la folie : «Il neige et la mort m’embête /aussi tenace qu’une insomnie.» Dans «Tuer le printemps» : «J’ai mis des œillères et suis monté sur un âne /et nous avons tourné en rond, avec passion. /J’ai tâché de chevaucher pendant une éternité /mais je me suis réveillée. /J’ai avalé ma viande aigre /mais elle est remontée. /J’ai barré la mémoire avec un X /mais elle est revenue. /J’ai attaché le temps avec une corde /mais il a filé.» Anne Sexton lie souvent le désespoir et l’humour. Le poème se termine ainsi : «Il était une fois une jeune personne /q