Berthe disparaît, à 92 ans, le 27 juillet 2012. Avec elle, une branche tombe. Son mari et sa fille, Evelyne, qui n’avait pas eu d’enfant, l’avait précédée. «Une branche qui n’avait donné ni fruits ni fleurs. Une branche morte qui s’effacerait, c’était inexorable, de la mémoire de notre descendance.» Berthe était la sœur de Rachel, la mère d’Annette Wieviorka (mais aussi de Michel, Sylvie et Olivier), née Perelman. Quatre ans plus tard, une autre branche, côté Wieviorka cette fois, tombait aussi sans laisser de traces avec la mort du cousin Jean-Jacques Weber. Le projet d’écrire un livre sur sa famille, pour l’historienne de la Shoah et directrice de recherche honoraire au CNRS, 74 ans, n’en est devenu que plus pressé. Il fallait leur donner un tombeau. La pandémie accélérait l’urgence. «Un écrit testamentaire. Mes tombeaux et mon tombeau. Je le termine alors que la guerre fait rage en Ukraine. Elle manque de m’en détourner.» Et c’est à Lviv, où elle découvre de nouveaux détails sur Berthe, que «ce livre a pris forme».
Le faisceau invisible des liens
On entre dans une famille qui n’est pas la sienne comme dans une forêt dans laquelle il est d’abord difficile de retrouver son chemin. La métaphore n’est pas exagérée. Des noms accourent sur le papier, chaque membre encore inconnu qui fait son entrée nécessite une présentation. Parfois des protagonistes ess