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Interview

Antoine Wauters: «Que lègue-t-on aux jeunes? Nos ruines?»

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«Le Musée des contradictions», manifeste poétique, rassemble des discours de ceux qu’on n’entend jamais. Rencontre avec l’écrivain belge pour qui «le nous est le pronom personnel de l’utopie».
Antoine Wauters, à Paris, le 23 février. (Christophe Maout/Libération)
publié le 8 avril 2022 à 18h42

Si en Belgique, c’est l’écrivain qui a réussi en France ; en France, Antoine Wauters est une plume qui monte. Son Mahmoud ou la montée des eaux paru chez Verdier, un texte en vers libres, l’histoire d’un poète syrien qui ressasse douloureusement son terrible passé au bord du lac Assad, a été remarqué à la dernière rentrée littéraire et primé (Wepler et Marguerite Duras). Poète, romancier depuis dix ans au Cheyne puis chez Verdier, il a aussi raconté son enfance dans les prés avec l’Enfant des ravines (Maelström, 2019). Le Musée des contradictions s’apparente à un manifeste poétique : douze discours d’anonymes qui semblent avoir vu de la lumière et sont entrés dans le livre pour parler d’eux, de leur désespérance, de leurs tentatives de vivre autrement, du buffet dévasté par leurs prédécesseurs. Pas un carnet de doléances, ni des plaintes, mais ce sont des cris, de la colère, de la libre conscience en mots. Antoine Wauters, 41 ans, a raconté la genèse du Musée des contradictions alors qu’il était à Paris fin février pour le festival Effractions à Beaubourg.

Pourquoi des discours, plutôt habituellement politiques ?

Ce sont des discours à hauteur d’homme, à hauteur de nos doutes. Le doute a disparu des discours politiques. Le propre de notre humanité, c’est peut-être la contradiction, d’accepter d’être ambivalents. Peut-être faudrait-il construire un nouveau modèle de société moins basé sur la certitude, sur la science et la confiance dans un pr