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Roman

Antonythasan Jesuthasan, le bruit et le soufre

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La jeunesse d’une Tigresse tamoule par l’acteur de «Dheepan».
Antonythasan Jesuthasan. (Zulma)
publié le 19 juin 2022 à 15h44

Une courte vie bringuebalée dans le chaos de la guerre et du terrorisme. Voilà Ala, un «être de soufre, de bruit et de feux» née en 1989 dans le nord tamoul du Sri Lanka. La petite fille voit le jour dans un monde de mantra et de sorcellerie, de poésie et d’inquiétude. Au milieu des dieux serpents, des descendants des tribus Nagas, des chasseurs. Aux portes de la jungle touffue, où une liane épineuse fait perler le sang, où disparaissent proches et amis.

Là, vivent les combattants, non loin des miliciens, dans un huis clos sanglant. Jusqu’à ses 15 ans, Ala est la spectatrice innocente de la guerre civile qui déchire le Sri Lanka. D’un côté le gouvernement cinghalais, surtout composé de bouddhistes majoritaires et conquérants. De l’autre, les Tigres de libération de L’Eelam tamoul (LTTE) qui ont pris en otage les Tamouls, la minorité hindoue et chrétienne de l’île. Le rondelet et charismatique Velupillai Prabhakaran est à la tête des Tigres, en lutte sauvage contre la colonisation violente des «enfants de la famine», des paysans sans terre, cinghalais. Bientôt, les troupes de Colombo écraseront les LTTE dans un bain de sang redoutable.

L’enfance ne dure jamais bien longtemps dans le fracas des armes et l’ombre des massacres. Le frère d’Ala est retrouvé un matin, décapité. Menacée, la famille fuit. Malgré elle, Ala bascule. Ala-la sterne, «cet oiseau capable de voler loin», comprend que les «démons reculent devant le fer», une arme à feu pour compagne