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Après la polémique, «la Belle et la Bête» version Jul sortira mi-juin

L’adaptation du conte, initialement destinée aux CM2 avant que l’Education nationale ne revienne sur sa décision, l’estimant inadapté aux enfants de 10 ans, sera publiée avec trois mois d’avance sur la date initiale.
publié le 24 mars 2025 à 18h39

Une date de sortie après le rétropédalage du ministère de l’Education nationale. Le conte la Belle et la Bête illustré par Jul, qui devait être distribué aux CM2 mais a été retoqué par le ministère de l’Education, va sortir le 18 juin, a indiqué l’éditeur à l’AFP lundi. «L’ouvrage paraîtra dans une version reliée le 18 juin pour une vente en librairie», a déclaré la branche édition de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, qui a précisé que le tirage serait de 18 000 exemplaires. L’éditeur avait dans un premier temps indiqué une sortie au mois de septembre.

Le ministère, qui avait commandé l’ouvrage à cet auteur pour l’opération annuelle «Un livre pour les vacances», l’a jugé «pas adapté» aux 800 000 élèves de CM2. Jeudi 20 mars, la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne a estimé que le contenu était trop adulte pour des élèves de 10 ou 11 ans. «Je ne suis pas sûre que ce soit forcément compréhensible que le père de la Belle soit un monsieur algérien, qu’on voit dans des scènes où il est totalement ivre, il fait de la contrefaçon, est arrêté par des policiers», a-t-elle dit à la presse.

«Les personnages illustrés ne correspondent pas aux stéréotypes classiques»

Le dessinateur, Julien Berjeaut de son vrai nom, a dénoncé une «décision politique» pour des «prétextes fallacieux». «La censure est évidente et elle est pharaonique», avait-il appuyé auprès de Libération. Il a reçu vendredi 21 mars, un regroupement d’associations d’auteurs et de défense de la liberté de création, le Conseil permanent des écrivains, a critiqué le «brusque revirement» du ministère.

Une source au sein du ministère, citée par le magazine Marianne vendredi, a cependant estimé que la représentation du père de la Belle, qui peut être perçu comme Nord-Africain et se livre à l’import de contrefaçons depuis l’Algérie, lui paraissait très problématique. «On flirte avec une forme de racisme, quoi qu’en pense l’auteur, ou tout au moins avec des clichés», déclare cette source.

Des propos auxquels Jul n’a pas répondu, mais qu’il avait déjà repris dans un échange à distance avec Elisabeth Borne, également dans Libé : «La seule chose qui puisse être questionnée, c’est que les personnages illustrés ne correspondent pas aux stéréotypes classiques, traditionalistes du conte de fées mais ressemblent aux élèves de CM2 d’aujourd’hui en France et tout le monde n’est pas blond. C’est ce qui semble être insupportable pour l’administration du ministère.»

«C’est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers, avait de son côté développé Elisabeth Borne sur CNews-Europe 1. Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c’est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille et sans ce décodage de ce second degré, qui est sans doute bien dans un cadre, mais pas pour un livre de vacances.»