Son père est pour elle comme un paysage. A l’extrême sud de la Louisiane, une île porte son prénom, l’Isle de Jean-Charles, qui sombre dans les eaux et dont les habitants sont les premiers réfugiés climatiques des Etats-Unis. «Depuis que je pense à l’île, je pense à lui.» Jean-Charles est fâché avec les souvenirs mais il a entassé des objets «partie émergée d’une île qui seule garde contact avec les profondeurs dans lesquelles il s’enfonce, et dont je n’ai jamais rien su». Avec Archipels, Hélène Gaudy entre dans le mystère du passé paternel, prudemment, pas à pas. On la regarde faire d’abord de loin, le récit familial a ses écueils. En quoi va-t-il nous concerner ? Cet îlot qui s’enfonce dans les eaux joue en sésame universel de la disparition à venir. Un fil de soi qui va mener aux rivages. Il suscite le désir d’enquête de l’autrice, elle qui aime faire parler les choses et les lieux.
L’évasion du camp de Voves
L’image parfaite de l’insularité est son atelier à quelques rues de chez lui, près de l’Arsenal dans le XIIe arrondissement parisien où cet ancien enseignant dans une école d’art a longtemps peint. Agé, il a cessé de s’y rendre. On découvre avec elle une caverne d’Ali Baba, et ses multiples «pans». Car «il ne jetait rien, gardait tout précieusement, et cela nous agaçait, et cela no