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Essai

«Art public et controverses» de Julie Bawin, la rue est taboue

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La professeure d’histoire de l’art Julie Bawin explore le rapport des artistes à la subversion dans la rue, des colonnes de Buren au Lénine de Rivera.
«Ainsi, le scandale, bien qu’il naisse d’une provocation de l’artiste, qu’elle soit volontaire ou non, est toujours une manifestation du public.» (Rosine Mazin/Aurimages. AFP)
publié le 16 mai 2024 à 5h03

Il faut changer les règles, transgresser celles de l’espace public et les «sensibilités du plus grand nombre» pour créer. Ni la rue ni le patrimoine ne sont sacrés, ils sont une création au même titre que l’œuvre. Daniel Buren en joue. Il disperse 260 colonnes en marbre noir et blanc – un «anti-monument» – dans la cour du Palais-Royal pour «dynamiser les sites patrimoniaux à travers l’art contemporain». La commande de Jack Lang en 1985 ne fait pas l’unanimité : des détracteurs y voient «un obstacle de taille pour le public handicapé et malvoyant» ou encore une «atteinte au patrimoine». Les organes de presse de droite appellent à sa démolition «soit par acte de vandalisme, soit par le biais d’un vote». Buren, s’il voulait faire survivre les Deux Plateaux, n’avait d’autres choix que d’invoquer «la jurisprudence Dubuffet, laquelle avait été adoptée en France en 1983» et son droit moral.

L’existence tient aussi dans la destruction selon Diego Rivera «car cet acte fera avancer la cause de la révolution ouvrière». Et sa f