Menu
Libération
Critique

Assurance sur la mort en Alabama

Article réservé aux abonnés
Casey Cep, journaliste au «New Yorker», a enquêté sur le révérend sulfureux Willie Maxwell, assassiné en 1977, et retrace l’histoire du manuscrit inachevé de la romancière Harper Lee, qui avait suivi l’affaire.
Casey Cep, en avril 2019. (Lexey Swall/NYT-REDUX-REA)
publié le 26 mai 2021 à 19h39

En février 2015, lorsque son agent annonça que Harper Lee allait publier un nouveau livre, la nouvelle se propagea de par le monde et atteignit tout aussi vite la ville d’Alexander City, en Alabama, où beaucoup étaient persuadés que le nouveau livre serait The Reverend, une œuvre de non-fiction sur laquelle Lee avait travaillé pendant plus de dix ans, avant d’abandonner le projet. A l’automne 1977, elle avait assisté au procès de Robert Burns qui, quelques mois auparavant, avait tiré trois balles dans la tête du révérend Willie Maxwell devant 300 témoins, dans la chapelle où les Maxwell procédaient aux funérailles de leur fille adoptive, Shirley Ann, qui était aussi la belle fille de Burns. La jeune fille de 16 ans avait péri dans des circonstances suspectes, trouvée écrasée sous la voiture qu’elle conduisait sans permis, apparemment en train de changer une roue. Mais les habitants de trois comtés au moins (Coosa, Tallapoosa et Elmore) étaient tous persuadés que c’était encore un coup du «Voodoo Priest», du spécialiste de l’arnaque à l’assurance sur la mort qui les terrorisait depuis dix ans et en était au moins à son cinquième meurtre. Si l’affaire n’était pas suffisamment chargée pour Harper Lee, il y avait encore «Big Tom» Radney, l’avocat qui avait sorti d’affaire Maxwell à chaque méfait, mais qui, ici, défendait l’assassin de son ancien client. L’acquittement qu’il obtint était contre toute logique judiciaire mais reflétait l’opinion publique et celle des forces