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Le Libé des écrivain·es

Au Maroc, le débat en fin de règne ? par Loubna Serraj

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Les espaces de discussion se font de plus en plus rares dans le pays du Maghreb. La faute aux politiques intérieures, mais aussi au phénomène d’autocensure grandissant dans les démocraties occidentales.
A Rabat, au Maroc. (Norbert Scanella/Only France. AFP)
par Loubna Serraj
publié le 11 avril 2025 à 7h09

A l’occasion du Festival du livre de Paris les 11, 12 et 13 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour cette 18e édition du Libé des écrivains. Retrouvez tous les articles ici.

«Au Maroc, nous ne sommes pas fait·es pour le débat. C’est comme ça !»

Voilà une phrase qui, assénée avec aplomb et fermeté par mon interlocuteur, ne semble pas, elle-même, inviter à un quelconque débat. Une phrase qui m’a fait réfléchir non seulement sur l’idée que nous nous faisons de ce qu’est, ou devrait être, un débat mais aussi sur son universalité. Existerait-il des peuples plus enclins à débattre que d’autres ? Plus mûrs pour l’argumentation et la contre-argumentation ? Plus habitués à être contredits ? C’est, visiblement, le préjugé tenace, et parfois intériorisé, qu’ont certaines personnes.

Certes, qu’il soit défini comme pays en voie de développement par les un·es, en marche vers une monarchie parlementaire par d’autres ou comme un «régime démocratique hybride», pour reprendre la formule de l’Economist Intelligence Unit dans son classement annuel, le Maroc a un passé mouvementé avec la notion de débat. Encouragé au lendemain de l’indépendance en 1956, il n’a pas voix au chapitre pendant les années de plomb, puis l’embellie arrive en 2011, après les revendications du Mouvement du 20 février. Paradoxalement, l’accession au pouvoir du PJD Parti de