Les personnages d’Audur Ava Olafsdottir sont comme tout le monde, en plus fantaisiste. ils ont leur vie, des attaches familiales, mais à l’intérieur de cette vie ils bougent. Chaque roman de l’Islandaise les saisit au moment où ils se mettent en mouvement. Dans Eden, Alba, une linguiste spécialiste des langues minoritaires en voie de disparition achète une propriété à la campagne, vingt-deux hectares d’un sol ingrat et une masure. Pour compenser l’empreinte carbone des seize récents trajets en avion entraînés par une série de colloques il lui faudrait planter cinq mille six cents arbres. On apprendra plus tard dans le livre que, question geste écologique, sauver une baleine est plus efficace que planter des arbres, mais enfin, Alba se fournit en plants de bouleau. Elle construit un mur de pierres avec l’aide de YouTube afin d’arrêter les bourrasques, envisage un potager et compte sur le réchauffement climatique pour avoir des arbres fruitiers.
Vers passionnés d’un jeune poète
Sa carrière universitaire, c’est terminé. Alba vend son appartement de Reykjavik, en conservant cependant son autre activité : elle est relectrice pour deux maisons d’édition. L’une d’entre elles tient à avoir son avis sur les vers passionnés d’un jeune poète, dont l’identité explique la réticence d’Alba à ouvrir le recueil et n’est pas sans influence sur le cours de l’histoire.
Les ouvrages de grammaire de sa bibliothèque atterrissent dans les cartons du magasin de la Croix-Rouge où ils connaissent une seconde vie inattendue. Mai