Comme dans la chanson, «c’est l’histoire d’un amour», éternel et banal. «Un amour qui se transforme en chagrin. Une passion dévorante qui conditionne une existence. L’amour fou. Celui qu’on a vu dans les films, celui qu’on a lu dans les livres, celui qu’on ne pensait jamais vivre.» Celui qui a brûlé si fort qu’on se baigne dans l’océan dès le premier paragraphe, celui pour lequel on a voulu mourir. Page 28, la narratrice, devenue «la patiente», reproduit, telle Joan Didion avant elle (dans l’Amérique), son compte rendu d’hospitalisation : admise le 15 janvier 2020, elle est «dans un état de souffrance sévère, submergée par des ruminations anxieuses». «Elle a subi durant les trois dernières années un enchaînement d’événements fragilisants» : une rupture avec sa compagne, des décès, un déménagement, la prise d’un nouveau poste. «Elle est en demande d’écoute +++ et de réassurance.»
En allers-retours, le livre revient sur la relation en question, fusionnelle, qualifiée par l’entourage de «toxique», et rappelle les morts évoqués – une ancienne collègue «pilier», une tante aimée, un oncle et parrain – et fait ce que le rapport médical ne fait pas,