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Roman

«Aussi dur que l’eau» de Yan Lianke : d’amour rouge

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Un couple adultérin mène la révolution dans un village du Hunan dans les années 60, traduction du deuxième roman de Yan Lianke.
Le roman se déroule dans la province chinoise du Hunan, dans les années 60. (Georg Gerster/GAMMA. RAPHO)
publié le 20 juin 2025 à 14h12

Devant le temple des Cheng fument encore les papiers d’offrande et les bâtonnets d’encens à destination des ancêtres. Un cas criant de contre-révolution, de vénération réactionnaire. Pour Gao Tsé-Toung, Xia Rouge Mei et Cheng Qingping, impossible de laisser passer. Soit on coupe les doigts des coupables, soit on les fait défiler dans les rues avec un bonnet d’âne. Le maire Wang Zhenhai chez qui le trio se précipite rétorque qu’ils ont mieux à faire en ce début d’été : il faut irriguer. «La vérité, c’est que la production va baisser si votre terre n’est pas irriguée, et si la production baisse, le peuple aura faim, et si le peuple a faim, il n’y aura personne pour suivre le Parti, personne pour faire la révolution.» Production contre révolution, le dilemme est vite résolu pour Gao Tsé-Toung. C’est lui qui a amené dans ce petit village du Henan la révolution qui embrasait le pays dans ces années 60. Il ne compte pas laisser tomber. Au contraire, il a bien l’intention de détruire tout ce qui se met en travers, tout ce qui rappelle le féodalisme, l’impérialisme et même le révisionnisme soviétique. Il rêve ainsi de démolir le temple des Cheng (qui date quand même de l’époque Ming). Et ne doute pas d’avoir la peau du maire.

«Ces chants ardents et cette musique rouge»

Aussi dur que l’eau dresse le portrait d’un fanatique communiste, qui va rencontrer une âme sœur du même bois.