Menu
Libération
Essai

«Aux origines de la domination masculine», défaire les mythes de la caverne

Réservé aux abonnés

L’historienne et paléontologue Claudine Cohen détruit les poncifs naturalisant le patriarcat comme un invariant de l’organisation humaine depuis la préhistoire.

Fac similé d'une peinture rupestre sur une paroi de la grotte de Lascaux 4, à Montignac. (Philippe Roy /Aurimages. AFP)
Publié le 11/09/2025 à 4h54

Vêtu d’une peau de bête, gourdin dans une main, l’homme préhistorique tire, de l’autre, sa femme par les cheveux, au sortir d’une grotte. Ainsi, d’hier à aujourd’hui, sont pensées les relations entre monsieur et madame «Cro-Magnon», malgré les démentis récents de la recherche sur le genre. Cette caricature doit sa longévité, nous dit Claudine Cohen, à la réputation, entre autres, de Darwin (La Descendance de l’homme, 1871) ou de Freud (Totem et tabou, 1913). Qui étaient influencés par les normes sexuées de leur époque, voire soucieux de les conforter, en identifiant dans la domination masculine un invariant originel de l’organisation humaine, patriarcale donc par essence. Les théories sur l’existence antérieure d’un matriarcat, défendues notamment par les féministes de la deuxième vague, ne bousculèrent qu’un temps ce postulat, faute de preuves.

La référence dans l’imaginaire collectif demeure la famille du chasseur-cueilleur : à l’homme et sa fo