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Alors que le monde chauffe et que la guerre fait rage, que nos politiques brillent, disons, difficilement par leur hauteur de vue, comment encore fêter la nouvelle année ? Une chose est certaine, la poésie ne suffira à sauver ni la démocratie ni les ours blancs, contrairement aux injonctions qu’ici ou là on lui donne. Mais dans toute son inutilité pratique, elle peut au moins susciter un peu de souffle, et c’est ce que nous vous (et nous) souhaitons de mieux pour l’année à venir.
En 1936 et 1937, Robert Desnos s’était attaché à écrire un texte tous les soirs avant de s’endormir. Il les a retranscrits, ce qui n’est pas un hasard, en 1940, dans la France occupée – une chronologie qui leur donne un accent d’énergie et d’espoir malgré tout.
Inédits, ces formidables Poèmes de minuit ont été édités en 2023 par les éditions Seghers et nous vous en parlions alors. Pour les fêtes, la même maison propose l’un de ces poèmes, illustré par une gouache de 1953 de Marc Chagall, sous la forme d’une très beau livre-objet. C’est avec ce texte, daté par Desnos du 27 mars 1936, que nous vous proposons d’ouvrir 2024.
Robert Desnos, ill. Marc Chagall, Plus vivant qu’aujourd’hui, éditions Seghers, 38 €.
«Je me lèverai demain matin
Plus tôt qu’aujourd’hui
Le soleil demain matin
Sera plus chaud qu’aujourd’hui
Je serai plus fort demain matin
Plus fort qu’aujourd’hui
Je serai gai demain matin
Plus gai qu’aujourd’hui
J’aurai demain matin
Plus d’amis qu’aujourd’hui
Et bien que demain matin
La mort soit plus proche qu’aujourd’hui
Je serai demain matin
Plus vivant plus vivant qu’aujourd’hui»