Ce nouveau roman d’Alice Zeniter n’est pas une épopée. C’est un livre passionnant à lire dans le contexte actuel de tensions en Nouvelle-Calédonie, car il nous plonge dans l’histoire des différentes populations qui ont composé au fil des décennies ce territoire du Pacifique conquis par la France en 1853, mais il manque de ce souffle romanesque qui fait les grandes épopées et qui nous embarque, yeux grands ouverts, vers des rivages inconnus. Cela tient peut-être à l’héroïne, Tass, une femme insaisissable qui, après avoir longuement vécu en France, revient vivre à Nouméa où elle a grandi. C’est une rupture amoureuse qui a provoqué ce retour, ce qui explique peut-être le côté flottant de cette enseignante qui, au fond, ne sait plus très bien où elle habite, à tous les sens du terme. On peine à s’attacher à elle, à la voir et la sentir tant elle entreprend un voyage dans le temps et dans l’espace, prétexte à raconter la colonisation française.

La Nouvelle-Calédonie est un lieu à ce point méconnu que Tass, chaque fois qu’elle devait l’évoquer en métropole, se sentait obligée de donner un point de repère. Louise Michel, tiens, voilà une référence. «Elle citait Louise Michel à dessein, plutôt que Christian Karembeu, parce que si elle doit être associée à une figure connue pour pouvoir exister, elle préfère l’anarchiste au sportif, écrit