Les éditions Payot & Rivages rééditent un livre qui avait beaucoup contribué, lors de sa première publication en 1989, à arracher son auteur, Georg Simmel, au relatif mépris où il était tenu. Philosophie de la modernité n’est pas à proprement parler un livre de Simmel, mais un recueil composé par le traducteur (Jean-Louis Vieillard-Baron). On y retrouve cependant ce qui a permis au nom de Simmel d’être désormais connu d’un public assez large : son intérêt pour les «petits objets» délaissés, auxquels il donne une profondeur maximale – la coquetterie, le couple féminin-masculin, la mode, l’urbanisme moderne, et même telle ou telle ville (Rome, Venise, Florence), le féminisme, la notion d’aventure, l’art du portrait, des figures artistiques comme Rodin, Goethe, etc.
Proche de Bergson (qui ne le lui rendait pas)
Depuis la parution de cet ouvrage, déjà repris en poche en 2005, certains de ces textes (écrits autour de la Première Guerre mondiale) ont été réédités sous forme de petits livres agréables, qui ont connu un certain succès. Mais les trouver ici réunis permet de mieux comprendre l’unité de l’entreprise. Car Simmel est un auteur faussement facile, et plutôt méconnu. Il passe pour sociologue, alors qu’il se voulait philosophe, marqué par l’héritage de Kant et de Hegel, mais proche de Bergson (qui ne le lui rendait pas). Il p