Il était une fois une bactérie, Vibrio fischeri, et une petite seiche, Euprymna scolopes, de la famille des Sepioladae, habitant sur les côtes hawaïennes. Elles ne s’aiment pas d’amour tendre. Leur union est d’intérêt. Enterrée dans le sable la journée, chassant la nuit, la sépiole se nourrit de crustacés, d’annélides et de poissons. Mais elle doit se protéger des barracudas et du méchant phoque moine d’Hawaï. Elle le fait par une stratégie de camouflage bien maline. L’animal émet en effet, par sa face ventrale, une luminosité dont il peut, grâce à un dispositif optique complexe – le photophore – faire varier l’intensité jusqu’à ce qu’elle «corresponde parfaitement à la luminosité ambiante (en l’occurrence celle produite par la lune en surface)», de sorte que chaque fois que son corps, opaque le jour, se transforme nuitamment en corps lumineux, il apparaît et disparaît à la fois, «fondu» dans le clair de lune – et donc invisible à l’œil des phoques et des sphyrènes. Voilà une vie de seiche somme toute convenable. A ceci près que sans sa compagne la bactérie, elle n’eût pu la mener. A sa naissance, en effet, Euprymna scolopes n’est pas luminescente, et n’a guère de photophore. Dès sa sortie de l’œuf, elle doit dare dare recevoir des soins externes, l’aide précisément de Vibrio fischeri : mais comment trouver cette bactérie, «qui représente moins de 0,1 % du total des bactéries présentes dans ce milieu, dans l’immensité de la mer qu
Essai
Avec son «Bestiaire», Jeremie Brugidou met la bioluminescence en lumière nature
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Test d'immersion d'une spère luminescente, à Marseille, par Jérémie Brugidou. (Fanny Karatchodjoukova)
par Robert Maggiori
publié aujourd'hui à 16h42
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