Certains disent que la vie est un rêve, d’autres une maladie imaginaire. Dans Bakasable la vie est un combat, et traverser pleinement l’existence revient à mener une guerre totale. Difficile de résumer ce premier roman d’Ugo Riou, dont les dialogues au ton guerrier et à la logique absurde font progressivement entrevoir les différentes couches de la fiction.
Les personnages sont des écoliers de primaire soumis aux délires d’une maîtresse autoritaire qui s’efforce de mener à bien son enseignement consistant à tout désapprendre à ses élèves. A leur statut d’écolier se superpose celui d’acteur d’une pièce de théâtre mais aussi soldats au sein d’un conflit dont certains indices laissent à penser qu’il s’agit de la Seconde Guerre mondiale. Enrôlés malgré eux dans cette classe-casting-bataillon, la maîtresse les exhorte à cheminer vers l’avenir – qui se trouve réduit à un «point à l’horizon» –, rien de plus irréel !
Le récit semble avancer sans direction précise : le chaos de la cour de récréation et du champ de bataille semblent se perpétrer en direct sur les planches. Maudit système scolaire – saleté de guerre ! Les conditions pédagogiques et scéniques sont calamiteuses : un tableau noir abyssal, des tricycles, un tourniquet, un soleil infesté de rats, et parmi les acteurs un concierge-machiniste en slip, un gravier, un vieux pommier, un chat crevé. En réaction au mastodonte de l’école, la résistance s’impose pour tout saborder dans la joie et l’horreur.
Les journées semblent