«Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de moi et pourtant j’existe… J’ai porté différents noms à travers les époques, j’étais craint et désiré en même temps. […] Je m’appelle Kethek Puteh, le Singe blanc. J’ai soif de sacrifices, animaux ou végétaux, je me nourris de la sève pétillante de chaque être qui m’est offert. Ne soyez pas dupe, il ne s’agit pas d’une simple croyance populaire, ni d’une histoire pour effrayer les enfants désobéissants. Si vous avez la patience de m’écouter je vais vous raconter mon histoire»…
Ainsi parlait le Singe blanc, créature maléfique du panthéon indonésien, poussant les humains dans ce qu’ils ont de plus noir et de plus vil, se réjouissant de la destruction de la flore et de la faune, de la pollution et des feux de forêt. Et d’évoquer avec un sourire mauvais son prochain méfait : «Faire disparaître le premier des mammifères, le plus cruels des prédateurs. L’espace où il vit est compté. Si vous pensez que je suis vaniteux, vous vous trompez. Je ne fais que dire la vérité, tout est une question de temps.»
C’est sur ce conte écologique que s’achève Bali, le très étonnant carnet de voyage de Laura Roncallo illustré par Alessio Defendini (dit Defe). Un étrange objet, loin des classiques du genre, qui a été récompensé par le prestigieux Grand Prix de la fondation d’entreprise Michelin remis à Clermont-Ferrand en octobre lors d