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Roman

Barbara Kingsolver : «J’écris sur ce qui m’empêche de dormir la nuit» 

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Rencontre à Paris avec la romancière établie dans les Appalaches, autour de la sortie de «On m’appelle Demon Copperhead» centré sur les ravages des opioïdes aux Etats-Unis, et les orphelins que les overdoses laissent derrière elles.
Barbara Kingsolver, à Paris en février. (Ludovic Carème/VU pour Libération)
publié le 9 février 2024 à 16h12

En colère, affamé, exploité, battu, bavard, blessé, plein d’humour et d’hormones en ébullition, Demon Copperhead est, comme on dit outre-Atlantique, plus grand que la vie. Beaucoup plus grand que les pages du dernier livre de l’Américaine Barbara Kingsolver : l’adolescent déborde, il éclabousse, se met en boule, broie quiconque s’aventure à le lire, puis nous recolle un peu à l’arrache, tape dans le dos en prime. Tellement grand, d’ailleurs, qu’il s’est «mis au monde tout seul», comme l’affirme l’incipit du livre qui porte son nom. L’écrivaine, de passage à Paris pour la traduction française (On m’appelle Demon Copperhead, Albin Michel), raconte qu’elle a presque, elle aussi, accouché malgré elle de ce narrateur miraculé, miraculeux, faiseur de miracles.

Ce roman d’apprentissage – des plaisirs mortels, de la violence du monde des adultes, de l’égoïsme inhérent à la survie –, lui a valu un Pulitzer et le succès commercial et critique depuis sa parution en 2022 aux Etats-Unis. Couronnant une carrière entamée avec l’Arbre aux Haricots (1988), mise en orbite dix ans plus tard par le mythique Book Club d’Oprah Winfrey pour les Yeux dans les arbres. En tout, dix-sept livres publiés, romans, poésie ou essais, qui parlent, avec un verbe impeccable, de justice sociale et de biodiversité –de respect du vivant, à pattes, racines ou pieds. L’écrivaine a étudié le piano et la biologie.

A 68 ans, plus sûre de son geste que jamais, Barbara Kingsolver fait tenir da