Figurez-vous que les chauves-souris peuvent déprimer. Un manque de vitamine D et paf, le blues. Pas commode, quand on est une espèce nocturne qui habite dans une grotte et, surtout, hiberne. C’est pourtant bien ce qui arrive à Bat au sortir de l’hiver. «J’en ai marre de traîner dans le noir», bâille le mammifère, binocles dorés sur le nez et tête en bas. Mais Bat n’est pas du genre à se laisser abattre. Et le voici qui se lance, ailes déployées, à la conquête du jour. Et boum : un flamant rose.
Non, vraiment. La chauve-souris se prend un oiseau en pleine poire. Incompréhension mutuelle. Qui est donc ce flamboyant volatile ? D’où sort donc ce sombre chiroptère ? Se forme alors un binôme improbable, chacun étant comme un négatif de l’autre. Flamingo pénètre une nouvelle réalité, celle d’une vie dans l’humidité et l’obscurité, où l’on dort les pattes en l’air sans avoir le sang qui monte à la tête, un monde où les étoiles filantes animent le ciel. Bat, lui, découvre les coups de soleil et le repos sur une patte, la passion de son nouvel ami pour la photographie. L’été révolu, il est temps pour les deux compères de se séparer. Mais une chose est sûre : Bat ne déprimera plus en sortant de l’hiver.
Bat et Flamingo offre une jolie histoire d’amitié dans laquelle deux animaux que tout distingue et dont les routes n’auraient jamais dû se croiser bâtissent leur relation sur leurs différences, chacun enrichissant le quotidien de l’autre. Un récit superbement servi par les illustrations de Daniel Frost, tout en rondeur, qui jouent habilement sur les contrastes et apportent une pointe d’humour.
Bat et Flamingo de Daniel Frost. L’Ecole des loisirs, 48 pp., 14 €. A partir de 3 ans.