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La critique de «Baumgartner», dernier livre de Paul Auster : braguettes magiques

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Dans «Baumgartner», l’auteur Américain déploie son art d’enchâsser des histoires dans des histoires.
Paul Auster à Lyon en 2018. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 15 mars 2024 à 21h18
(mis à jour le 1er mai 2024 à 7h23)

Paul Auster a 77 ans et, aux dernières nouvelles, il vit avec un cancer. Le héros de son nouveau roman, qui en porte le nom, s’appelle Sy Baumgartner. Il enseigne la philosophie à Princeton. Il est veuf depuis dix ans. Sa femme, Anna, a été tuée par une vague. Il a des trous de mémoire, il se brûle avec une casserole qu’il avait oubliée sur le feu et se casse la gueule dans l’escalier de la cave. Le mari de sa femme de ménage se coupe deux doigts au travail. Baumgartner médite donc un essai sur «le syndrome des membres fantômes». Chez Paul Auster, tout est lié et tout chat narratif retombe acrobatiquement sur ses pattes.

Comment parler du deuil lorsqu’on a un cancer ?

Baumgartner et sa femme ont vécu un long mariage heureux, n’ont pu avoir d’enfants. Elle écrivait, comme lui (ou lui, comme elle). Un jour, il ouvre ses archives, trouve des tas de poèmes, des bouts de récits plus ou moins autobiographiques. Que va-t-il en faire ? D’abord, un recueil de poèmes. Paul Auster en cite un, Lexique. Il reproduit aussi certains récits. C’est l’occasion d’utiliser son don de poupée russe : enchâsser des histoires dans des histoires. Les récits sont brefs, mais relâchés. Baumgartner, spécialiste de Kierkegaard, prépare aussi un livre, Mystère de la roue, qu’il achèvera à la fin du roman, et dont l’aspect lourdement métaphorique ne permet d’admirer ni sa finesse, ni son talent.

Une braguette ouverte peut-elle ouvrir sur le passé ?

A partir de la cinquantain