Menu
Libération
Disparition

Benoît Duteurtre, entomologiste goguenard des travers du monde

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Le romancier et critique musical est mort le 16 juillet à l’âge de 64 ans. Retour sur son dernier livre publié en février chez Gallimard.
Benoît Duteurtre en 2005. (Hervé Boutet/Divergence)
publié le 16 août 2024 à 11h20

Avec Livre pour adultes (Gallimard, 2016) Benoît Duteurtre avait trouvé une forme qui réunissait tous ses talents. Il n’y avait plus d’un côté l’arrière-petit-fils havrais du président Coty, volontiers autobiographique (les Pieds dans l’eau, sur Etretat, ou l’Eté 76) et de l’autre le pourfendeur caustique de la communication, des éoliennes, de l’interdiction de fumer. Il y avait dans cette mosaïque romanesque des nouvelles dystopiques et des fictions à la limite du pamphlet où il promenait sa loupe d’entomologiste goguenard sur les travers de l’époque, le bruit et la laideur. Il y avait une évocation nostalgique de ses vacances dans les Vosges auprès d’un grand-oncle qu’il aimait. C’est dans ce même village vosgien que son cœur s’est arrêté cet été. Il est mort le 16 juillet, à 64 ans. Livre pour adultes s’ouvrait sur une rencontre avec la veuve de Darius Milhaud, Madeleine Milhaud, qui vivait boulevard de Clichy dans le même appartement depuis 1925. Jeune fille, elle avait joué devant Debussy. Ce genre de détails enchantait Benoît Duteurtre.

«Obsession des noms oubliés et des destins perdus»

Il aimait bien se «moquer du monde», ainsi qu’il le dit dans son dernier livre, le Grand Rafraîchissement, paru en février, qui est également un roman composite où il imagine la fin du réchauffement climatique et l’arrestation de bourgeois afin de rééquilibrer la population car