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«Berceuse pour Octave et Paul» d’Arthur Cahn, deux pères et un couffin vide

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans le deuxième roman de l’écrivain français, un homme dont l’enfant aux deux pères s’est noyé tient un «cahier de deuil».
L'écrivain Arthur Cahn. (DR)
publié le 28 février 2025 à 14h55

Un tout petit enfant est mort. Un de ses pères tient un «cahier de deuil» et ce n’est pas joli, le deuil, pas chic, pas sous contrôle. Il le lit pour un amant – «il a soif de peau», la mort de l’enfant ayant tué le couple avec l’autre père – dont il est immédiatement question concrètement. «Alors je vous préviens tout de suite, la première phrase c’est ça : Sa bite sortait mon âme hors de mon corps tant il m’enculait si bien, si fort. Donc si vous avez un problème avec ce genre de chose, allez voir ailleurs si j’y suis. Je ne veux pas de votre regard sur mon histoire, les mesquins, les juges, les frustrés, les homophobes. Ici on se fait mettre par un mec avec un bon braquemart. Et on aime.» Le livre s’appelle Berceuse pour Octave et Paul, deuxième roman d’Arthur Cahn, né en 1984, après les Vacances du petit Renard (Seuil, 2018), et là c’est Paul qui parle. Octave était et est l’enfant même si «son nom ne se referme plus que sur du vide, une poignée de vide». L’autre père, Fabien, n’a pas droit à son nom dans le titre. Parce que le texte s’écrit à partir du cahier rédigé par Paul et parce que c’est A., l’amant temporaire ne faisant «pas partie de cette histoire», qui a choisi de la «prendre en charge». «Et quand il écrit prendre en charge, il voit le mot “charge”, il voit Paul sur ses épaules, qu’il porte.» Paul qui connaîtra «un groupe de parole», «un cercle de parents amputés de leurs gamins», les