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Roman

«Boléro» : Ahmet Altan, couleur chair

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Peur, érotisme et mafia dans un huis clos de l’écrivain turc.

Ahmet Altan à Istanbul, en mai 2022. (Emin Ozmen/Magnum Photos)
ParClaire Devarrieux
Journaliste - Livres
Publié le 10/10/2025 à 14h12

On prend conscience, en lisant Boléro, à quel point la majorité des romans actuels sont construits comme des films, scène après scène, et, depuis quelque temps, comme des séries. Chez Ahmet Altan, il n’y a pas de cinéma. Il y a des moments très visuels mais ils sont toujours assujettis à l’introspection. C’est l’histoire d’une passion sexuelle à propos de laquelle il n’y aura que des commentaires et aucune représentation.

Premières phases du livre : «Si ma raison cherche à entraver ma chair, je l’étranglerai à mort. Ainsi se parlait-elle, pleine de résolution et de sang-froid.» Le sujet est résumé dans le paragraphe suivant : «Là, dans ce domaine à la campagne, les choix n’étaient pas dictés par l’intelligence, l’expérience, les connaissances, ni l’habitude, mais par le corps. Et il était trop tard pour renoncer à vivre les conséquences de ces choix.» Elle s’appelle Asli. Elle enregistre le renversement de perspective – l’esprit soumis au corps et non l’inverse, qui a toujours été dans sa nature jusque-là –, d’autant plus perturbée qu’il ne s’agit pas d’amour. Un homme l’amène à découvrir en elle une femme qu’elle ignorait, et cet homme est loin d’être son genre. C’es