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Libération

Boris Cyrulnik et les droits de l’âme

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Dans son dernier essai, nouveau best-seller, le neuropsychiatre analyse les interactions de l’individu avec son milieu et montre qu’à l’échelle de la planète, «nous sommes victimes de nos victoires».
Boris Cyrulnik à La Seyne-sur-Mer, le 16 février. (Olivier MONGE / MYOP)
publié le 17 février 2021 à 20h08

Ceux qui suivent les travaux de Boris Cyrulnik reconnaîtront ici ou là ce qui les avait frappés à la lecture de l’un ou l’autre de ses précédents livres. Mais ils trouveront en outre dans ce dernier opus, tant foisonnant que passionnant, toute la démarche intellectuelle du célèbre neurologue et éthologue amorcée dans son premier et extraordinaire livre, Mémoire de singe et paroles d’homme (Hachette, 1983). A l’époque, l’auteur observant les animaux – notamment les grands singes – avait permis de mieux apprécier l’animalité qui est en nous, Monsieur et Madame Cro-Magnon, comme Cyrulnik nous nomme. Depuis, l’auteur a acquis une expérience clinique et intellectuelle internationale dont le noyau dur s’appelle psycho-écologie et dont la référence repose davantage sur la théorie de l’attachement (John Bowlby) que sur celle de la psychanalyse.

On lira avec délectation les pages lumineuses où Cyrulnik explique qu’un nourrisson qui va bien est celui qui apprend à aimer plusieurs figures d’attachement différentes. La «niche affective» du bébé n’est plus celle de l’époque de Freud où on disait que la fonction du père consistait à séparer l’enfant de sa mère, de façon à lui permettre d’échapper à son monopole affectif. On voit désormais que les figures d’attachement sont moins différenciées selon le sexe (il n’est pas rare, remarque l’auteur, de voir une mère autoritaire qui rentre du travail et impose sa loi tandis que le père console l’enfant et adoucit l’autorité materne