La guerre, c’est une odeur, celle de la poudre mélangée à la putréfaction des corps. Et un silence, «rien ne bougeait, pas même une poule ne picorait» dans un village détruit lors de la guerre du Vietnam. Les coéquipiers néo-zélandais de Sam, sergent maori, s’y sont accoutumés, pas lui. Il redoute ces images qu’il s’apprête à voir qui, on le comprend plus tard, sont «le souvenir de parents et amis» de Witi Ihimaera, écrivain et ex-diplomate des affaires étrangères de Nouvelle-Zélande, décédés lors de ce conflit.
Dans ce hameau brûlé, deux vieilles personnes sont ligotées à une potence. Sam remarque d’abord la robe de la femme tachée de sang puis un énorme trou par lequel s’échappent ses intestins. Ils «s’étaient répandus et chaque fois qu’elle respirait ou déglutissait, ils se retournaient et grouillaient comme des vers de terre». Sam reconnaît sa faute : «Les Vietcongs […] ont tué les habitants [car] ils ont appris que le couple nous avait donné à manger. Ils se sont vengés en le forçant à regarder les exécutions», dit-il. L’acte suit, c’est une affaire de repentance. D’une main, il chasse du terrain ses «gars» ; de l’autre, sort son pistolet. A qui est réservée la première balle ? D’un geste de la tête puisé «dans ses dernières forces», la femme lui indique son mari. Elle le supplie : «Lui en premier, tu m’entends ? Il est moins coriace que