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Carles Porta, torts au mont Tor

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Tor. Treize maisons et trois morts», l’auteur catalan raconte l’histoire réelle d’une montagne maudite où l’on se tue pour quelques hectares de forêts et des titres de propriété illusoires.
Vue du village de Tor avec l'église de Sant Pere au premier plan. (Sergi Boixader/Photo12)
publié le 17 décembre 2023 à 13h36

En lisant Tor, les spectateurs d’As Bestas ne se sentiront pas dépaysés. Comme avec le césar 2023 du meilleur film étranger, on retrouve dans l’enquête policière du journaliste Carles Porta les mêmes ambiances de campagne espagnole reculée, étouffante, froide et pluvieuse. Des coins perdus où les habitants se détestent profondément et où on est prêt à tuer pour un bout de terrain et quelques milliers d’euros ou de pesetas.

L’histoire, cette fois se déroule en Catalogne, à la frontière de l’Andorre et, au contraire de l’œuvre de Rodrigo Sorogoyen, ce n’est pas une fiction : tout est vrai. Là-bas, il existe une montagne, Tor, possédée par treize familles qui se déchirent. A la fin du XIXe siècle, les habitants se sont noué un destin commun en se partageant ce territoire riche en bois et pâturages sous forme d’indivision, une société de copropriétaires, pour empêcher que l’Etat en prenne le contrôle. Mais, au fil des années, la plupart sont partis, et au milieu des années 70, ils ne sont plus que deux à vraiment y vivre, Sansa et Palanca. Le duo se déteste, s’affronte physiquement ou par personnes interposées, deux sbires meurent dans les années 80. Les voisins ennemis se poursuivent aussi devant les tribunaux pour récupérer la montagne et exclure les autres descendants propriétaires. Jusqu’en 1995 où, après avoir gagné le co