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Roman

Carol Bensimon, cahots amoureux sur la BR-116

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Dans «On adorait les cow-boys», le road-trip de deux filles dans le sud brésilien.
Au Brésil. Les deux filles rêvent depuis longtemps de faire ensemble «un voyage non planifié». (Nid Goloti/Getty Images/iStockphoto)
publié le 9 avril 2022 à 3h20

Elles disent «on bouge», «ça marche» «waouh» et boivent du maté, le chimarraó, préparé dans une calebasse avec une paille. Dans On adorait les cow-boys, road-trip féminin brésilien, les gardiens de vaches n’ont pas l’air de sortir d’un western – l’explication du titre ne viendra qu’à la fin –, ce sont plutôt des gauchos aux pantalons bouffants, les bombacha, plus raccord avec le paysage. Cora et Julia, deux étudiantes qui eurent quelques années auparavant une brève liaison, avant de disparaître, l’une à Paris, l’autre au Canada, se retrouvent pour réaliser un projet ancien, envisagé une centaine de fois entre l’âge de 18 et 21 ans, celui de faire ensemble «un voyage non planifié». On pense évidemment au film féministe Thelma et Louise, sans cavale, ni violeur, ni cadavre, ni Brad Pitt.

Les voilà donc dès les premières lignes du roman, Cora au volant, et Julia, les pieds sur le tableau de bord. Elles sont sur la principale route du pays, axe longitudinal en direction du Sud : «Tout ce qu’on a fait, c’est prendre la BR-116, passer sous des ponts avec des publicités pour des villes qu’on n’avait pas la moindre intention de visiter, ou des messages annonçant le retour du Christ et le compte à rebours avant la fin du monde.» Pour le lecteur c’est donc aussi parti pour quelques heures de transport imaginaire. Cora conduit et raconte : le présent du voyage, avec ses rencontres, ses anecdotes, ses descriptions ; le passé de leur relation susp