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Rentrée littéraire

Catherine Millet, la mère et ses abîmes

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Prolongeant son œuvre autobiographique, l’autrice raconte dans «Simone Emonet» le suicide de sa mère et l’impuissance face aux douleurs des «mal vivants».

Catherine Millet à Paris, en septembre 2022. (Marie Rouge/Libération)
Publié le 10/09/2025 à 16h31

Elle hésite sur la date et l’hésitation, affichée, souligne la recherche de précision – puis, arrivée à un certain point, son impasse. Le 21 ou le 22 mars 1982, Catherine Millet, alors âgée de 33 ans, est allée voir sa mère Simone dans l’appartement de celle-ci, à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Les lecteurs d’Une enfance de rêve (Flammarion, 2014) et de Commencements (Flammarion, 2022), deux de ses précédents livres autobiographiques, se rappellent peut-être des lieux où l’écrivaine a grandi. Sa mère va mal, corps et âme. Elle fait de fréquents séjours à l’hôpital. Sa fille se souvient ne l’avoir prise que deux fois dans ses bras. Elle l’a aussi vue une fois, dans son enfance, enjamber la fenêtre. Elle n’avait pas sauté.

Le 21 ou 22 mars, «je n’ai gardé aucun souvenir de ce qui s’est passé le temps que je suis restée dans l’appartement ni de ce que nous nous sommes dit. Seule la dernière scène, sur le palier, forme un bloc bien distinct, dépouillé, avec toujours cette lumière blond