Dans la quiétude de ce froid matin de novembre, une Polo grise se gare devant le 16 rue Gaillon, dans le IIe arrondissement de Paris. A peine l’auto arrêtée, un voiturier fluet, képi sur la tête, sort du mythique restaurant Drouant pour accueillir le passager, un vieux monsieur appuyé sur sa canne. «Vous allez avoir du monde aujourd’hui», se gausse l’homme aux cheveux blancs. Ce mardi 6 novembre marque en effet, dans ce lieu fondé en 1880, un jour particulier, répété chaque année. Dans quelques heures, écrivains, journalistes et habitués se masseront dans le bâtiment de deux étages pour entendre la proclamation du prestigieux prix Goncourt 2023. Sur le pas de la porte, le personnel est déjà sur le pied de guerre. Les bouteilles de champagne patientent depuis longtemps sur deux tables placées de part et d’autre de la terrasse.

Les premiers académiciens chargés de décerner le prix arrivent. D’abord la nouvelle recrue, Christine Angot