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Censure aux Etats-Unis : le récit national, roman par omission

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Les pages jeunesdossier
Outre-Atlantique, la littérature jeunesse est attaquée d’un côté par les républicains, défenseurs d’une histoire tronquée ; de l’autre par leurs opposants, qui dénoncent certains classiques à l’aune de critères sociétaux trop actuels.
Extrait de «Persepolis» de Marjane Satrapi (2007). ( Vincent Paronnaud, Marjane Satrapi/Sony Picutres. Everett Collection. Aurimages)
par Victor Dixen
publié le 29 novembre 2023 à 9h03

Cet article est tiré du Libé spécial auteur·es jeunesse. Pour la cinquième année, Libération se met aux couleurs et textes de la jeunesse pour le Salon du livre de Montreuil qui ouvre ses portes le 29 novembre. Retrouvez tous les articles ici.

Nous vivons dans une époque incertaine, chaotique. Le contexte géopolitique, la polarisation culturelle des sociétés occidentales, l’emballement incontrôlé des avancées technologiques, la crise écologique planétaire… Le futur n’a jamais semblé si incertain. Or, quand l’avenir nous échappe, nous avons le réflexe de nous tourner vers le passé pour y trouver des réponses, du réconfort. Le passé devient alors un refuge. Le risque, c’est de le statufier. Et de le falsifier. Aux Etats-Unis, où je vis depuis une dizaine d’années, je constate que ces tensions se cristallisent sur la littérature, et en particulier la littérature jeunesse.

D’un côté, on assiste à un retour de la censure à l’ancienne, dans un pays qui l’a longtemps pratiquée, de la chasse aux sorcières jusqu’au maccarthysme. Désormais, ce n’est plus le discours prétendument «communiste» qui est traqué, mais tout ce qui peut menacer une certaine vision de l’histoire nationale. Plusieurs Etats républicains, à commencer par la Floride, ont entamé une croisade contre les livres jeunesse qui racontent une version nuancée du passé des Etats-Uni