On pourrait ouvrir ce livre comme on regarderait un tableau de Jérôme Bosch et s’amuser à identifier les unes après les autres les créatures éparses dans chaque coin de l’image tout en essayant de reconstituer la vision d’ensemble. Central station, c’est d’abord ça : un décor, un fabuleux décor où traînent de nombreuses espèces que découvrent les unes après les autres les fausses nouvelles qui composent ce recueil plus proche du «fix-up» que du roman. Citons les principaux personnages qui les incarnent et finiront par se retrouver d’un épisode à l’autre : Boris Chong, ancien médecin de retour sur place et connecté par une «aug» à Mars, Carmel, vampire de données, Eliezer, sculpteur de dieux, Achimwéné, collectionneur de vieux livres et handicapé, Matt Cohen, créateur des mystérieux «autres», un «robotnik»…
Les clés diverses de ce monde nous sont offertes sans mode d’emploi, au moins la première fois, comme si elles faisaient partie aussi de nos propres univers : les nodules, la Conversation (le nodule permet de participer à la Conversation, réseau social généralisé où chacun communique avec le monde entier sans interruption et sans périphérique), les augs… Le premier talent de Tidhar, auteur israélien peu traduit chez nous mais dont Aucune terre n’est promise avait été remarqué chez Mu en 2021, est de nous rendre imm