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Roman

«Ceux qui appartiennent au jour», dans le cocon d’un presbytère

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Le premier roman de Emma Doude Van Troostwijk dépeint touche après touche une famille en éclats dans une sorte de huis clos, comme on avance pas à pas dans un décor.
Un jardin de presbytère. (Avenet Pascal/Hemis. AFP)
publié le 1er mars 2024 à 12h26

Sur la photo que la narratrice a dans sa poche, ses parents sont jeunes. Ils viennent d’arriver en France. «Derrière eux, un panneau indique en lettres capitales PRESBYTERE.» L’image sert de sésame pour pousser les grilles du lieu. Le premier roman de Emma Doude Van Troostwijk se passe entièrement dans l’univers de ce presbytère, dans une sorte de huis clos familial dépeint touche après touche, comme on avance pas à pas dans un décor. On la suit : elle arrive de Rotterdam et n’est pas revenue dans la maison depuis plus d’un an. Elle voit les changements comme quelqu’un qui a vécu loin un certain temps, on les découvre pour la première fois. «Je ne reconnais pas la façade mangée par le lierre sur tout le côté droit. La balançoire au fond du jardin disparaît derrière les herbes hautes et le fromental jamais coupés. Le cerisier a grandi. Le petit étang où je jouais à ramasser des têtards est rempli de vase. Je grimpe les quatre marches en béton jusqu’à l’entrée.» C’est elle qui impulse le mouvement, réalisatrice affirmée du film qui va se dérouler. A l’intérieur, il y a d’autres détails qu’elle chérit : le fauteuil à bascule, les tasses en bleu de Delft, l’horloge comtoise… Les scènes sont saisies sur le vif, comme si un rai de lumière tombait d’un coup sur chacune d’elles. Les six corps assis sur la banquette du salon pour regarder Mary Poppins. Le puzzle de cinq cents pièces sur la table du salon et son grand-père, «Opa», qui pose les pièces «à un endr