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«La silhouette sombre du bâtiment abandonné se dresse dans un décor de bouleaux noirs et blancs. Les vitres sont couvertes d’une épaisse couche de crasse, la peinture s’écaille et des détritus s’amoncellent à sa base. Une véritable scène de désolation. Devant la ruine qu’est devenu l’hôtel de montagne de Storlien, Charlotte Wretlind sait qu’il y a de quoi être découragée…» Dès les premières pages de ce roman, en librairie le 25 septembre, on est de nouveau plongé dans l’univers de Viveca Sten. Avec Chambre 505, la star du polar suédois signe le troisième épisode d’une série commencée il y a deux ans avec Une écharpe dans la neige suivi des Ombres de la vallée. On y retrouve les éléments qui font sa patte : ambiance pesante, personnages attachants, féminisme revendiqué et suspense savamment maîtrisé.
L’action se déroule une fois de plus, en hiver, dans la petite station de ski de Are, lieu fictif, à quelques kilomètres de la frontière norvégienne. On vit ici au rythme du grand nord, dans ce froid polaire et cet engourdissement des sens qui sont la marque des polars nordiques. L’inspectrice Hanna Ahlander (toujours célibataire mais vivant désormais avec un chat) et son coéquipier Daniel Lindskog (aux nuits écourtées par les pleurs de son bébé et les récriminations de son épouse) sont appelés un matin par la réception d’un hôtel de la ville. Dans la suite 505, Charlotte Wretlind, l’implacable femme d’affaires qui s’apprêtait à lancer un ambitieux projet de rénovation d’un vieil hôtel de la région, vient d’être assassinée. Un crime sanglant, au couteau de chasse.
Humanité
Même si la quinquagénaire s’était fait nombre d’ennemis, qui peut imaginer une telle sauvagerie ? Et comment l’assassin a-t-il pu pénétrer dans sa chambre et en repartir sans être vu par quiconque ? Faut-il chercher parmi le personnel de l’hôtel ou les clients ? Du côté des élus véreux ayant accordé des permis de construire douteux ? Voire des écologistes opposés au projet immobilier ? A moins que l’origine du crime ne se trouve dans le passé de l’hôtel abandonné ; et dont l’âge d’or dans les années 70 nous est conté à travers les mots d’une jeune femme de chambre (dans de courts chapitres venant s’intercaler dans le récit principal). Un lieu où se réunissait toute la jet-set de Stockholm, aujourd’hui habité par les esprits, digne de l’Hôtel Overlook de Shining.
Autant de pistes que Hanna Ahlander et son coéquipier vont explorer dans une course contre la montre que viennent rythmer leurs vies banalement compliquées par les soucis du quotidien – un des points forts de ce thriller qui n’oublie pas que ces héros sont des hommes et des femmes confrontés à la fatigue, à leurs problèmes de couple, au célibat qui s’éternise alors qu’approche la quarantaine, à la brutalité masculine omniprésente, à la difficulté d’être homosexuel dans la police (en sous-effectif chronique). Au final, une chambre 505 avec vue sur l’humanité.