Une femme, «une femme noire d’environ un mètre quatre-vingts», pousse la porte d’un magasin de costumes et, dans l’Amérique ségrégationniste des années 50, elle peut être qui elle veut. «Qui es-tu, ma chère ?» lui demande le vendeur noir et fardé qui tient boutique en bonne fée. «Je m’appelle Rita» répond-elle, reprenant son nom de scène. Elle vient de se faire embaucher dans un bar à strip-tease de San Francisco et se cherche des tenues. «Oh ma chère… Non… Je voulais dire quel personnage ? Qui es-tu ?» Après un instant de réflexion, elle se lance : «Je suis… Cléopâtre et… Saba». Deux reines (la femme est ambitieuse). Puis elle ajoute : «Et Schéhérazade» (la femme aime raconter des histoires). Le vendeur est aux anges : «Ma chère, je vais te créer tes costumes. Tu vas être ma-gni-fique.» Ce jour-là, elle repart avec des strings en résille, un soutien-gorge à sequins, des grelots de chevilles et un cobra empaillé. Elle a la vie devant elle et la vie, ces temps-ci, c’est «tout strass et paillettes».
Conductrice de tramway
Après Rassemblez-vous en mon nom (Notabilia, 2020), «l’épisode deux» de l’autobiographie de Maya Angelou (qui en compte sept) centré sur ses débuts dans l’âge adulte et ses galères, Chanter, swinguer, faire la bringue comme à Noël, troisième volet plus pétillant