Il y a des romans agréables, passionnants même, dont on ne se souvient pas du tout ensuite. Pour d’autres, des personnages et des situations surnagent dans la mémoire, parfois une simple sensation de lecture, un instant de jouissance ou un agacement profond. Et certains, plutôt rares, persistent comme des univers entiers, marquent l’imagination et se revisitent presque familièrement. Les livres de Titus en font partie. Bourgois réédite dans l’élan de sa nouvelle collection «Chimères» le Cycle du Gormenghast (Titus d’Enfer, Gormenghast, Titus errant est prévu en mai), dans la traduction de Patrick Reumaux, disparu en janvier, et de Gilberte Lambrichs. Y entrer signifie ne pas vraiment en sortir. C’est comme se perdre dans Gormenghast, fascinant château aux proportions délirantes, dédale de pierre entouré de murailles, où une loi antédiluvienne enferme la lignée des comtes de Gormenghast. A l’intérieur, la fantaisie s’épanche aussi dans une galerie des brillantes sculptures, une chambre des racines (avec un arbre gigantesque), une tour des Silex… La galerie de ses habitants tient du même genre de grain de folie. Un gardien des rites immémoriaux subclaquant mais qui tient le protocole avec fermeté, le mélancolique comte lord Tombal qui ne vit que pour retrouver ses livres la nuit dans la bibliothèque, la corpulente comtesse à l’abondante chevelure rousse amie des chats blancs et des oiseaux, leur fille de 15 ans Fuchsia impulsive et sauvage, les jumell
Mardi SF
Château délirant, cycle fascinant : entrez donc dans «Gormenghast»
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Science-Fiction dossier
Mervyn Peake parmi quelques-unes de ses toiles, en 1946. (Raymond Kleboe/Getty Images)
publié le 12 mars 2024 à 18h25
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