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C’était à l’automne dernier. Vera Buck était encore une inconnue en France mais en un rien de temps, avec les Enfants loups, elle allait devenir l’un des coups de cœur de la rentrée littéraire. La romancière allemande jouait alors avec les règles du polar gothique et du thriller d’atmosphère, mêlant le passé et le présent, la sauvagerie des prédateurs, l’innocence perdue et les secrets d’une nature qui n’a rien d’engageante. Mais tout en secouant les lecteurs par une succession de mystères, elle les scotchait à ce roman oppressant et pétri de mensonges.
Un an plus tard, Vera Buck revient avec la Cabane dans les arbres, jonglant encore avec les fondamentaux du roman psychologique et horrifique. On accompagne une famille, Henrik, Nora et leur petit garçon de 5 ans, Fynn. Tous les trois partent en vacances dans une maison isolée, héritée du grand-père d’Henrik qui est visiblement un drôle de type au passé compliqué. Mais le parfait séjour dans la campagne suédoise prend vite une autre tournure et le conte de fées se transforme en cauchemar quand Fynn disparaît. A quelques kilomètres de la vieille ferme, une jeune botaniste, Rosa, «qui a toujours aimé la compagnie des cadavres» vient de déterrer le squelette d’un enfant, entraînant des révélations sinistres. Mais l’essentiel est encore ailleurs, en haut d’une «cabane dans les arbres» tout droit sortie du Petit Chaperon rouge ou de Hansel et Gretel, révélant des traces de violence sur de vieilles couvertures élimées. Ce nid de sorcière est entre autres celui de Marla, victime d’un monstre qui la tient enfermée, la plupart du temps attachée depuis des années.
Sans ménagement, Vera Buck développe toutes ces fictions parallèles en donnant la parole à ses héros – et surtout ses héroïnes – chapitre après chapitre. Le procédé est connu depuis la nuit des temps mais il a son importance dans ce livre qui parle de violence parentale, d’enfants perdus, victimes de négligences. A l’évidence, la romancière se complaît dans le portrait des salauds de la pire espèce, et ils sont nombreux.
Tout finira par des procès, de la prison et surtout des explications qui simplifient le propos de Vera Buck, faisant tout rentrer au chausse-pied dans un dernier chapitre décevant. Dommage car la justice humaine, les aveux et les excuses ne sauveront jamais les filles de «la forêt si dense et le ciel si sombre» comme l’écrit la remarquable Astrid Lindgren, l’autrice de Fifi Brindacier que Vera Buck cite en exergue.